Témoignage d'une adhérente de l'association
Bonjour,
Une question essentielle pour moi, qui justifie mon intervention, est l’aspect très toxique des produits utilisés dans les ongleries, aspect trop souvent occulté par les médias et les pouvoirs publics.
Alors que toutes les peintures et les produits de bricolage affichent leur teneur en composés organiques volatils (COV) avec des normes européennes sans équivoque, en France, nous sommes devant un non-sujet en ce qui concerne les résines utilisées pour les cosmétiques. Le principe de précaution n’est même pas envisagé.
Quid d’un arrêté préfectoral prévoyant la fermeture systématique d’un salon (comme il en existe pour les débits de boisson et les boîtes de nuit) lorsque les teneurs en méthacrylate de méthyle (MMA) et autres solvants sont supérieures aux normes autorisées par la préfecture ? Les employés des salons, la clientèle et les habitants mitoyens sont en danger (surtout quand ces salons raccordent leur ventilation aux conduits poreux internes des cheminées).
Nous avons vu, dans des immeubles voisins du mien, les propriétaires de certains magasins refuser de dénoncer les baux en réunion avec syndics et avocat, après avoir pris connaissance des émanations toxiques dégagées par leurs locataires. Les nuisances olfactives – même non toxiques – sont pourtant souvent interdites par les règlements de copropriété. Depuis, peut-être par crainte, ces propriétaires ont mis les murs de leurs salons en vente. Je compte vraiment sur l’implication de la SEMAEST au Passage du Prado.
Dans ce passage, la défense du droit de tout citoyen à vivre sans risques fut douloureuse, avec des réponses souvent contradictoires de la part des institutions censées nous protéger. J’attendais à ce sujet un fort soutien de la mairie pour une population qui n’est pas toujours armée pour faire valoir ses droits. Bertrand Delanoë avait répondu favorablement à notre demande de médiateur lors de son compte-rendu 2009, pour nous aider à nous faire entendre des pouvoirs publics, mais pour l’instant nous avons dû agir seuls pour relancer la préfecture.
Sans un combat privé, coûteux, irréprochable des habitants du passage du Prado – via l’Association des amis du Prado et de la porte Saint-Denis – de leurs syndics épaulés d’un avocat, nous serions en totale régression. En effet, certains salons avaient agité l’arrêt provisoire des poursuites comme un blanc-seing pour continuer et même intensifier leurs activités dangereuses pour la santé.
Je pense que faute d’arrêté préfectoral ou de mesures plus coercitives, l’arsenal répressif pour protéger les citoyens est limité et lent (amendes, P.V., délai de deux mois pour se mettre en conformité pendant que les effluves toxiques persistent...). Et les employés continuent à travailler avec au mieux un simple masque anti-poussière totalement inefficace contre des molécules si petites qu’elles passent même la barrière encéphalique.
Faut-il attendre, comme pour l’amiante, que nos enfants, les employés des salons, nos voisins, développent des maladies chroniques dans quelques années ? Faut-il compter une fois de plus sur une action d’interdiction a posteriori ? Mais cette fois les pouvoirs publics ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas.
Une habitante du Xe
Sauf erreur la loi LOPPSI 2 permet désormais de fermer au moins provisoirement le magasin fautif, et cela sans devoir attendre un arrêté préfectoral.
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