C'est le titre d'un article paru sur le site Time Out Paris :
peu plus le sentiment diffus d'une nuit
qui meurt à Paris. La chose n'est pas nouvelle : un antagonisme grandit
entre les riverains de quartiers festifs (Pigalle, Oberkampf, le canal
Saint-Martin et maintenant Strasbourg Saint-Denis) et les noctambules de
tous bords. Les premiers souhaitent préserver leur lieu de vie pour des
raisons très diverses, que ce soit la volonté de conserver une mixité
culturelle et sociale, le ras-le-bol face aux nuisances sonores ou la
peur de voir le charme d'antan dépérir. Les seconds, eux, craignent que
Paris ne se transforme en « ville-musée », où l'on ne s'amuse qu'entre
18 et 22h, et avec modération. Symbole de cette bataille, un petit
groupe Facebook a cristallisé les rancœurs à cause d'un article récent
paru dans le quotidien Métro. Baptisé « Faubourg Saint-Denis, quel quartier pour demain ? », il rassemble seulement 163 membres et paraît bien inoffensif.
Se présentant comme un « collectif ayant pour objectif de faire pression contre l'"oberkampfisation" du quartier (développement du mono-commerce, multiplication des ouvertures de cafés/bars non respectueux de la vie des habitants de quartier) », la page Facebook est tenue pour responsable de la fermeture des bars susmentionnés, alors qu'en réalité elle n'y est pour rien, même si ses membres se réjouissent de l'application sévère de la loi sur le tapage nocturne. Bref, l'administrateur du groupe voit désormais les reproches, les blagues, voire les caricatures idiotes, pleuvoir sur son mur. Ainsi, une internaute écrit : « J'habite le quartier depuis douze ans, c'est vrai c'était mieux avant : fermons tous les lieux de vie et ramenons les dealers de crack et les putes dans la rue. » D'autres conseillent aux riverains mécontents d'aller vivre à la campagne ou en banlieue. Il existe même un nouveau groupe Facebook, intitulé « Faubourg Saint-Denis, rendez-nous nos bars », bien plus populaire que le précédent comme on peut s'en douter (démagogie, quand tu nous tiens). Certains, pourtant, lancent un vrai débat avec l'administrateur de la première page, qui répond avec un flegme appréciable aux critiques parfois gratuites qu'il reçoit. Car il faut le dire : le débat mérite d'avoir lieu, si possible avec un peu de recul.
Derrière ces bisbilles du Web se cachent de plus grandes mutations urbaines, complexes à appréhender. Certes, en se plaignant du bruit occasionné par les clients des bars, les riverains menacent la survie de la nuit parisienne et font parfois preuve d'une mauvaise foi agaçante : les quartiers évoqués sont réputés pour leurs bars et leurs clubs, rien de surprenant à ce qu'on y enregistre davantage de décibels qu'ailleurs. Pour autant, ces mêmes riverains ont le mérite de vivre dans ces quartiers, ils sont d'une certaine manière garants de leur relative diversité culturelle et sociale. Ce qui les énerve, c'est la mono-activité qui homogénéise le paysage, qu'il s'agisse de l'omniprésence des coiffeurs-natteurs africains de Château d'Eau ou celle des bars branchés des rues Oberkampf ou Jean-Pierre Timbaud, qui commencent à déborder sur les petites rues adjacentes au détriment d'autres commerçants et artisans. Peut-on réellement se satisfaire de ne voir que des bars fleurir dans un quartier, surtout quand ils pratiquent des tarifs abusifs ? La gentrification d'Oberkampf, de Pigalle ou du Faubourg Saint-Denis pose de vraies questions (loyers qui s'envolent, nouveaux commerçants plus huppés et pas toujours accueillants), on peut le reconnaître sans être forcément un « bobo » de quarante ans qui rêve de tranquillité.
Valentine, une résidente de la rue du Faubourg Saint-Denis, se réjouit ainsi de trouver des bars en bas de chez elle, mais elle remarque une dégradation des relations entre habitants de la rue et clients des bars. « A partir d'une certaine heure, confie-t-elle, les clients sortent fumer leur cigarette, ils salissent la rue sans trop s'en soucier. Ils s'assoient sur les vélos, cassent les selles ou foutent le bordel parce qu'ils sont bourrés. Ils ne sont pas les seuls, il y a aussi tous ceux qui ne peuvent pas se payer un mojito à dix euros et qui se saoulent avec des canettes achetées à la superette. A l'arrivée, ça fait un paquet de monde passablement aviné dans la rue. » Soyons honnêtes : se balader dans certaines artères parisiennes à une heure tardive donne en effet l'impression de jouer à 'Resident Evil' et de slalomer entre des zombies. Résultat, certains pointent du doigt l'interdiction de fumer dans les bars, qui jette les hordes de clients dehors. D'autres, comme Jérémie, co-fondateur du bar L'Inconnu, précisent qu'ils ont engagé un service d'ordre justement pour faire face à ce type de soucis. Bref, le débat est loin d'être clôt. Au moins, les deux parties commencent peut-être enfin à dialoguer sereinement, si on en juge par une poignée d'échanges pertinents sur la page « Faubourg Saint-Denis, quel quartier pour demain ? ». Le proverbe ne dit-il pas que « de la discussion jaillit la lumière » ?
La guerre du faubourg Saint-Denis n'aura pas lieu

A Paris, la nuit est devenue un sujet sensible. Vendredi 7 décembre, la
préfecture de police a ordonné la fermeture administrative durant neuf
jours de cinq bars de Strasbourg Saint-Denis : L'Inconnu, Chez Jeannette, Le Mauri7, L'Univers et Au Xeme. Une décision qui s'ajoute à d'autres depuis septembre (fermeture provisoire du Point Ephémère et de la Mécanique Ondulatoire par exemple) et qui renforce un
Se présentant comme un « collectif ayant pour objectif de faire pression contre l'"oberkampfisation" du quartier (développement du mono-commerce, multiplication des ouvertures de cafés/bars non respectueux de la vie des habitants de quartier) », la page Facebook est tenue pour responsable de la fermeture des bars susmentionnés, alors qu'en réalité elle n'y est pour rien, même si ses membres se réjouissent de l'application sévère de la loi sur le tapage nocturne. Bref, l'administrateur du groupe voit désormais les reproches, les blagues, voire les caricatures idiotes, pleuvoir sur son mur. Ainsi, une internaute écrit : « J'habite le quartier depuis douze ans, c'est vrai c'était mieux avant : fermons tous les lieux de vie et ramenons les dealers de crack et les putes dans la rue. » D'autres conseillent aux riverains mécontents d'aller vivre à la campagne ou en banlieue. Il existe même un nouveau groupe Facebook, intitulé « Faubourg Saint-Denis, rendez-nous nos bars », bien plus populaire que le précédent comme on peut s'en douter (démagogie, quand tu nous tiens). Certains, pourtant, lancent un vrai débat avec l'administrateur de la première page, qui répond avec un flegme appréciable aux critiques parfois gratuites qu'il reçoit. Car il faut le dire : le débat mérite d'avoir lieu, si possible avec un peu de recul.
Derrière ces bisbilles du Web se cachent de plus grandes mutations urbaines, complexes à appréhender. Certes, en se plaignant du bruit occasionné par les clients des bars, les riverains menacent la survie de la nuit parisienne et font parfois preuve d'une mauvaise foi agaçante : les quartiers évoqués sont réputés pour leurs bars et leurs clubs, rien de surprenant à ce qu'on y enregistre davantage de décibels qu'ailleurs. Pour autant, ces mêmes riverains ont le mérite de vivre dans ces quartiers, ils sont d'une certaine manière garants de leur relative diversité culturelle et sociale. Ce qui les énerve, c'est la mono-activité qui homogénéise le paysage, qu'il s'agisse de l'omniprésence des coiffeurs-natteurs africains de Château d'Eau ou celle des bars branchés des rues Oberkampf ou Jean-Pierre Timbaud, qui commencent à déborder sur les petites rues adjacentes au détriment d'autres commerçants et artisans. Peut-on réellement se satisfaire de ne voir que des bars fleurir dans un quartier, surtout quand ils pratiquent des tarifs abusifs ? La gentrification d'Oberkampf, de Pigalle ou du Faubourg Saint-Denis pose de vraies questions (loyers qui s'envolent, nouveaux commerçants plus huppés et pas toujours accueillants), on peut le reconnaître sans être forcément un « bobo » de quarante ans qui rêve de tranquillité.
Valentine, une résidente de la rue du Faubourg Saint-Denis, se réjouit ainsi de trouver des bars en bas de chez elle, mais elle remarque une dégradation des relations entre habitants de la rue et clients des bars. « A partir d'une certaine heure, confie-t-elle, les clients sortent fumer leur cigarette, ils salissent la rue sans trop s'en soucier. Ils s'assoient sur les vélos, cassent les selles ou foutent le bordel parce qu'ils sont bourrés. Ils ne sont pas les seuls, il y a aussi tous ceux qui ne peuvent pas se payer un mojito à dix euros et qui se saoulent avec des canettes achetées à la superette. A l'arrivée, ça fait un paquet de monde passablement aviné dans la rue. » Soyons honnêtes : se balader dans certaines artères parisiennes à une heure tardive donne en effet l'impression de jouer à 'Resident Evil' et de slalomer entre des zombies. Résultat, certains pointent du doigt l'interdiction de fumer dans les bars, qui jette les hordes de clients dehors. D'autres, comme Jérémie, co-fondateur du bar L'Inconnu, précisent qu'ils ont engagé un service d'ordre justement pour faire face à ce type de soucis. Bref, le débat est loin d'être clôt. Au moins, les deux parties commencent peut-être enfin à dialoguer sereinement, si on en juge par une poignée d'échanges pertinents sur la page « Faubourg Saint-Denis, quel quartier pour demain ? ». Le proverbe ne dit-il pas que « de la discussion jaillit la lumière » ?
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